Érysipèle : Que retenir ?

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  • 19/06/2022
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  • Santé

L’érysipèle ou dermohypodermite non nécrosante est une atteinte infectieuse des différentes structures de la peau dont l’étiologie causée par des bactéries appelées streptocoques β-hémolytiques, notamment du groupe A. Il s’agit d’une maladie qui se manifeste par des signes inflammatoires de la peau avec comme complication redoutable la nécrose.

Manifestation de l’érysipèle sur un membre inférieur

Pourquoi en parler ?

C’est une affection très fréquente en population noire africaine, mais cette dernière consulte très tardivement, souvent au stade de complications, car confondue initialement avec un envoûtement (Timanti Bô au Bénin, c’est-à-dire envoûtement à la tomate). Les patients passent ainsi plusieurs semaines à entreprendre une automédication anti-inflammatoires (Ibuprofène, Diclofénac) combinée avec une prise en charge traditionnelle par des scarifications et applications locales de cataplasme dans un environnement septique, sources de surinfections, voire de nécrose cutanée.

Quelles sont les caractéristiques cliniques de l’érysipèle ?

Il s’agit du tableau bien connu de « la grosse jambe rouge fébrile ».
L’affection se rencontre surtout chez l’adulte de plus de 40 ans, concerne le visage ou un membre inférieur. L’infection se transmet à la faveur d’une porte d’entrée qui permet aux germes de traverser la barrière cutanée.

Le début est brutal, marqué par une fièvre élevée atteignant au moins 38,5 °C, voire 39 ou 40 °C parfois accompagné de frissons. Les signes locaux se manifestent par l’apparition d’une rougeur de la peau, œdémateuse, douloureuse et localisée, à bords nets, d’apparition brutale et d’extension rapide en surface. Cette rougeur peut être surmontée de bulles ou de phlyctènes.

Plus de 85 % des érysipèles siègent aux membres inférieurs, pour moins de 10 % au visage.

L’interrogatoire peut retrouver une notion d’effraction cutanée traumatique mal traitée, contemporaine au début du tableau clinique, qui représente la porte d’entrée bactérienne. Elle est présente dans trois-quarts des cas et peut être minime (piqûre d’insecte, intertrigo inter- orteils) ou plus évidente (ulcère de jambe, plaie traumatique…). Cette porte d’entrée doit être impérativement retrouvée et traitée sous peine de récidive ou même de complications.

Le diagnostic est clinique et ne nécessite aucun bilans complémentaires pour sa confirmation. Il existe des facteurs de risque bien connus, divers et variés, qu’il est important d’identifier, certains conditionnant l’hospitalisation.

Quelle prise en charge ?

Contrairement aux entendements de la population, la prise en charge est purement médicale et a pour but de juguler le processus infectieux, de lutter contre l’extension des signes inflammatoires et de prévenir les complications. Elle peut se faire aussi bien en hospitalisation qu’en ambulatoire selon certains critères à évaluer par le médecin traitant.

Le traitement fait donc appel à des antibiotiques actifs sur les germes habituellement incriminés et à une prise en charge adéquate de la porte d’entrée. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (Ibuprofène, diclofénac) et les corticoïdes sont contre-indiqués, risquant clairement l’aggravation de la maladie. En présence de signes de gravité, une hospitalisation immédiate est requise, car il s’agit d’une urgence médico-chirurgicale avec mise en jeu du pronostic vital.

L’antibiotique par voie générale permet une évolution favorable dans la très grande majorité des cas.

En cas de non-amélioration ou d’aggravation sous traitement, il faut penser à la possibilité d’atteinte profonde et/ou nécrosantes des structures de la peau ou une infection à germes résistants. Il faudra alors reconsidérer le traitement antibiotique et, dans certains cas, décider un geste chirurgical.

Les complications les plus souvent retrouvées en cours d’évolution sont entre autres :

  • loco-régionales : Abcès sous-cutanés, Nécrose cutanée superficielle, Fascistes nécrosantes
  • générales : Sepsis, choc septique, Décompensation de maladies chroniques préexistantes

Le risque d’érysipèle récidivant, loin d’être rare, implique une prévention antibiotique, à discuter si les facteurs de risque sont non contrôlables et après deux(2) épisodes dans l’année écoulée (uniquement chez l’adulte).

La prévention réside dans la prise en charge adéquate en milieu hospitalier de toute effraction cutanée, même minime. L’éviction d’une automédication anti-inflammatoires est la consultation précoce d’un praticien médical devant une jambe douloureuse fébrile. Pour cela, n’hésitez pas à nous contacter pour une consultation médicale à domicile en vue de poser un diagnostic.

Et si vous avez un peu de temps, nous vous invitons à lire notre précédent article sur l’importance du bilan prénuptial que vous allez certainement apprécier.

Dr. Gbewanou Auréole HESSOU – Médecin Généraliste